CITADINS AU SOMMET. L'ALPINISME GENEVOIS: (1865-1970): UN SIECLE D'HISTOIRE CULTURELLE ET SPORTIVE
LE COMTE ELODIE
Bien que Genève ne soit pas a priori une cité alpine, elle entretient, depuis l'épopée de Saussure au Mont-Blanc, des liens privilégiés avec l'histoire des Alpes et de l'alpinisme. Dès la fin du XIXe siècle, la ville a vu naître près d'une centaine de clubs de montagne, qui sont autant de manifestations de l'attrait des Genevois pour les activités alpines. À cette époque débute également l'histoire des varappes, sur les parois d'une montagne " genevoise " par adoption : le Salève. Au sein de ce microcosme alpin, le présent ouvrage entrecroise les parcours de trois sociétés : tout d'abord, le Club alpin suisse, institution d'envergure nationale dont l'ambition est de représenter les amateurs des Alpes dans leur acception la plus large, et plus particulièrement sa section genevoise, créée en 1865 ; ensuite, le club de haute montagne Androsace, fondé en 1920 sous le nom d'Ondine des Alpes, et enfin le GAO (Groupe Alpin Ouvrier), fondé en 1945. L'un et l'autre réunissaient une élite de grimpeurs, dont certains ont largement contribué à forger la renommée internationale de l'alpinisme genevois. Afin de retracer la vie de ces groupements, il a été nécessaire de recourir à l'histoire orale pour parer aux lacunes des sources dites " traditionnelles ". Une série d'entretiens vient ainsi compléter une documentation abondante, mais disparate - et souvent dispersée. Entre histoire et mémoire, ces témoignages constituent une archive inédite à l'intérieur d'une réflexion portant sur l'évolution du regard des alpinistes vis-à-vis de leur propre pratique. Le but était également de rendre hommage à certains acteurs qui, à des niveaux parfois différents, ont marqué un cercle, un style, une époque. L'alpinisme, quant à lui, est envisagé en tant qu'activité évolutive, expression des horizons d'attente d'une société et des tensions qui la traversent.