GENEVE UNE NUIT

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Le pari tient à cette envie: pour que la fête soit belle, pour que les découvertes et les souvenirs se croisent, il faut donner à un réveillon une dimension populaire. Rien de mieux alors pour marquer les esprits, que les murs d'une cité comme théâtre, des rues laissées aux piétons et une nuit hivernale complice. Le prétexte est peut-être faible pour déplacer les foules, dans une ville où la tradition du trente-et-un décembre n'existe pas. Mais en ces périodes où la recherche de sens devient l'argument du n'importe quoi, le désir simple et nécessaire de s'amuser doit l'emporter. Comme invitation pour le fameux passage, une promenade extraordinaire sur la thématique des éléments s'offre aux visiteurs. Une déambulation qui fonctionne aussi comme un détournement de la cité: dès 18h, des sites bleus se dévoilent entre ballons d'hélium et jet d'eau pour célébrer l'air et l'eau; un site rouge et son pipe-line de gaz flamboyant incarne le feu; un site vert parsemé de lampions géants suggère la terre. A 22h30 cependant, les différents sites entrent en veille pour laisser place au clou de la manifestation: menées par des cortèges de figurants, les foules rejoignent alors Plainpalais. Comme lieu central de la fête en effet, faisant office de place du village pour le rassemblement des douze coups, la Plaine représente et accueille le cinquième élément de la nuit: le temps. Par une scénographie qui se joue dans la dernière heure de l'an, qui réunit plus de soixante danseurs et une centaine de figurants, "le Spectacle du Temps" déroule ses fastes entre Mail et Dunant - centaures ou girafe, hommes d'affaire ou personnages filiformes - pour s'achever à minuit sonnante par le retournement du Sablier Géant. On dénombre alors plus de deux-cent mille spectateurs au centre de Genève. La fête continuera sur les sites jusqu'à l'aube, dans une ville qui ne s'était pas vue aussi souriante depuis longtemps. Comme témoin de cette métamorphose, cinq photographes ont suivi d'heure en heure, site par site, l'avancée de la fête.

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