Avec « Le Quadragénaire » (1777), Rétif inaugure une nouvelle veine romanesque, celle que lui inspirent immédiatement ses aventures sentimentales parisiennes. Il transpose ici l’histoire de son amour pour Virginie, et quelques autres épisodes de sa vie. Ce roman est placé sous le signe de l’âge crépusculaire de la quarantaine. Selon le sous-titre, c’est « l’âge de renoncer aux passions ». Mais il ne s’agit pas de renoncer au mariage et à la qualité de père de famille. La thèse du roman est que seul un homme de quarante ans peut assurer le bonheur conjugal d’une jeune fille. En dépit de son caractère « à tiroirs », l’ouvrage a une forte cohésion. Tous les personnages se connaissent, sont en relation à des titres divers, et sont dans bien des cas les mêmes sous des noms différents. « Le Quadragénaire » est donc une œuvre complexe, ambitieuse dans son projet de plonger le lecteur dans un jeu de miroirs et d’interdépendances secrètes. C’est le premier roman de l’auteur enrichi d’illustrations.
Pierre Testud est professeur honoraire de l’Université de Poitiers. Il est spécialiste de l’œuvre de Rétif de la Bretonne, dont il a édité plusieurs romans. Auteur de nombreux articles sur Rétif et son époque, il est en outre responsable de la revue « Études rétiviennes » depuis 1985.