Pourquoi et comment elle a pu s'établir, se maintenir si longtemps, puis prendre fin et ce qui en eut résulté pour l'Europe et le monde
LAMBELET JEAN-CHRISTIAN
N`est-il donc pas possible de voir dans la période coloniale, avec sérénité et détachement, une phase révolue de l`histoire mondiale parmi d`autres, avec ses causes et ses effets "naturels", ses mauvais mais aussi ses bons côtés - et qu`on renonce à ressasser, dans les anciennes colonies, des griefs allant parfois jusqu`à a haine? et qu`on se défasse aussi, dans les anciennes métropoles, de ces sentiments de culpabilité qui sont si répandus aujourd`hui? La période demande d`abord à être expliquée. Comment se fait-il que l`Europe soit parvenue à établir, puis à maintenir avec des moyens remarquablement réduits sa domination coloniale sur une si grande partie de la planète? Une domination qui a duré par endroits plus de quatre siècles, pour prendre fin il y a quelque cinquante ans. Cela a-t-il été dû uniquement à une éphémère supériorité navale et militaire ou n`y a-t-il pas peut-être eu d`autres causes plus déterminantes? Et puis, peut-on vraiment parler de "la" domination coloniale européenne alors que les politiques et les pratiques sur le terrain ont été fort diverses selon la région ou la puissance coloniale? Qui en a profité et qui en a pâti, et quels bilans peut-on tirer à ce sujet? La traite négrière et l`esclavage sont deux aspects de la période dont la réalité a été très différente, à maints égards, de l`image qui domine aujourd`hui. Quant à la décolonisation subséquente, elle explique en bonne partie la physionomie géopolitique du monde actuel et, en particulier, la place que l`Europe et l`Occident y occupent, ainsi que les problèmes et difficultés qui les assaillent. Ne´ en 1938, Ne´ en 1938, Jean-Christian Lambelet est professeur honoraire d`économie a` l`Université´ de Lausanne où il a enseigné de 1972 à 2004, comme aussi, de 1978 à 1996, à l`Institut universitaire de hautes études internationales et du développement à Genève. Il est l`auteur d`une dizaine de livres et d`environ deux cents études ou articles en économie politique, science politique et histoire.