Sous la direction de Florence Lotterie et Guillaume Poisson Préface de Bertrand Binoche
LOTTERIE FLORENCE ET POISSON GUILLAUME -ED-
À l’heure où la Suisse, et une bonne partie de l’Europe et du monde, rivalisent d’idées pour fêter le tricentenaire de la naissance du « Citoyen de Genève », éditer un volume sur Jean-Jacques Rousseau devant Coppet peut sembler un pari hasardé. Philosophe, romancier, autobiographe, théoricien politique, pédagogue, botaniste, homme de théâtre et de musique combien féru, épistolier aussi, bien sûr : est-ce parce qu’il a été cet intellectuel total que Rousseau reste reçu dans la passion et tout le feu d’une partialité intacte ? Jean-Jacques adulé et exalté par les uns ; Rousseau critiqué et maudit par les autres : quoi d’étonnant, chez celui dont l’œuvre entière relève de la rupture provocante ? Les membres du Groupe de Coppet, qui entretiennent avec l’héritage intellectuel du XVIIIe siècle – siècle qui les a vus naître et se former – des rapports complexes, alliant le souci de fidélité aux nécessités de la réfutation, sont également conditionnés par la bipolarisation des « rousseauismes » qui s’affirme de plus en plus depuis 1789. De Constant à Staël, de Bonstetten à Sismondi, tous ont naturellement lu leur « compatriote » et Rousseau nourrit, parmi eux, des sentiments ambivalents, entre accord sympathique et récusation. Le présent volume, rassemblant huit spécialistes venant d’horizons variés, permet de manifester – à partir de quelques « nœuds » précis – une distribution orientée des façons de lire et de (re)penser Rousseau qui, en retour, permet de saisir les grandes préoccupations coppétiennes, tant il est vrai que Rousseau a été un révélateur d’identité, avec ou contre lui. C’est en ce sens qu’on le placera ici « devant » Coppet.