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LES ECRITURES DE L'INTIME:LA CORRESPONDANCE ET LE JOURNAL
Actes du colloque de Brest présentés par Pierre-Jean Dufief
DUFIEF PIERRE-JEAN -ED-
Est-il pertinent de regrouper correspondance et journal et de les envisager comme un même genre en parlant d'écritures de l'intime? Sans doute, si l'on considère que bien souvent les écrivains y répètent les mêmes confidences, y redonnent les mêmes informations, tout en les modulant, en les reformulant; la lettre ou le journal savent aussi, tour à tour, se taire. La zone obscure du non-dit s'éclaire alors du jeu de la confrontation, qui permet de poser le problème des sincérités réciproques du diariste et de l'épistolier. Ecriture sans destinataire immédiat, le journal intègre volontiers des correspondances quand il ne prend pas l'allure d'une correspondance, récupérant alors une dimension de communication qui semblait réservée à la lettre. L'épistolier, de son côté, peut se faire diariste, ce qui est notamment le cas dans certaines longues correspondances quotidiennes qui deviennent presque des journaux intimes. Ces brouillages montrent bien que ce qui importe finalement plus que les modalités de l'échange, c'est l'objet de ces écritures: l'intime. Notion paradoxale, contradictoire, qui se définit à la fois comme ce qui paraît ne pas mériter d'être dit parce que trop insignifiant, trop banal, et ce qui est presque indicible parce que trop personnel ou trop impersonnel, car l'on voit curieusement l'individu s'effacer devant les voix du monde ou du groupe dans certaines écritures de l'intime.