UNE POETIQUE DE LA RECITATION : VILLIERS DE L'ISLE-ADAM.

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Longtemps considéré comme un écrivain de second rang, un original fin de siècle, Villiers de L'Isle-Adam a d'abord été lu comme une sorte de philosophe conteur dont seules importaient les idées ou prises de position politiques. Une lecture qui a contribué à éclipser l'œuvre, même à la dénaturer, en faisant oublier l'écriture, et parfois certains des plus beaux textes de l'auteur. C'est à cette œuvre que ce livre s'efforce de redonner toute sa cohérence, en s'attachant à redessiner l'itinéraire, l'évolution poétique de l'écrivain, et à dégager les principaux motifs de son imaginaire. Parmi eux, la "récitation", un thème qui traverse l'ensemble de l'œuvre et s'impose à l'esprit de Villiers comme une obsession. Rien de plus naturel chez un conteur, presque un "récitant" professionnel, puisque la récitation est avant tout question de parole, une parole (souvent mécanique) que caractérisent la stéréotypie, la redite - partant le vide -, et que l'écrivain, atteint lui aussi de "récitation", n'aura de cesse de transcender par son style; mais une parole qui est aussi celle des auteurs et acteurs dramatiques, et ne pouvait par conséquent laisser indifférent Villiers, qui rêvait de s'illustrer grâce aux planches. C'est donc au cœur de la poétique de Villiers que nous introduit la récitation, mais aussi au centre de son univers: tout, chez lui, est répétition, reprise, retour, jusqu'au conteur lui-même qui s'identifie à son génial contemporain, R. Wagner, qu'il présente comme son double et dont la vie vient comme infléchir, modeler le cours de son œuvre. Ici, la vie rejoint l'œuvre, dans une fascinante logique de l'imitation et du mythe personnel qui permet de redécouvrir aussi bien l'œuvre que l'homme.

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